Παρασκευή 21 Μαΐου 2021

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Palestine / L’aveu de David Ben Gourion
par une belle nuit d’été…
Par Hassan Hamadé

mercredi 19 mai 2021, par Comité Valmy


- Palestine / L’aveu de David Ben Gourionpar une belle nuit d’ete…Sorties victorieuses de la guerre de 1967, les autorites d’occupation ont annonce : « Jerusalem unifiee est la capitale eternelle d’Israel ».
Puis, des Pays arabes suivis par l’Organisation de Liberation de la Palestine [OLP] et l’Autorite autonome impliquee dans la liquidation de la question palestinienne par les effets des Accords d’Oslo, se sont precipites vers l’option des deux Etats assortie de la declaration unilaterale selon laquelle « Jerusalem-Est est la capitale de l’Etat de la Palestine » ; une option devenue la risee des sionistes israeliens convaincus de la loyaute du sionisme arabe a leur egard et de son hostilite a l’egard de la Palestine.
En realite, les deux propositions suscitent l’ironie. Le sort de la seconde etant connu d’avance, elle ne merite pas que nous nous y attardions davantage.- Quant a l’annonce consistant a faire de Jerusalem unifiee la capitale eternelle d’Israel, elle repose sur l’idee que l’histoire s’est arretee devant la suprematie israelienne fortifiee par le sionisme arabe, grace a quoi il n’y aurait aucun espoir de salut ni pour la Palestine ni pour aucun Arabe qui la soutiendrait. Naturellement, cette hypothese a echoue et, aujourd’hui, pour la premiere fois depuis la guerre de 1973, se pose serieusement celle de la disparition de l’entite sioniste elle-meme. Une hypothese qui fut la hantise du pere fondateur d’Israel, David Ben-Gourion, si l’on se refere a ce qu’il a confie sur ce sujet.- Pour rappel, il est notoirement connu que l’entite sioniste a trois peres : Haim Weizman, David Ben-Gourion et Nahum Goldmann. Le premier a arrache la Declaration Balfour, le second a mene l’action militaire sur le terrain et ordonne des expulsions et des massacres de Palestiniens, le troisieme a organise des campagnes de soutien aux colons, collecte des fonds et tisse des relations internationales. Or, Weizman detestait Ben-Gourion et le toisait avec arrogance, tandis que Goldmann et Ben-Gourion se vouaient une grande amitie, au point que Nahum pouvait se permettre de poser a David des questions qu’aucun dirigeant sioniste n’aurait ose aborder.- Dans son livre intitule « Le paradoxe juif » [Editions Stock, 1976], Goldmann rapporte les details d’une conversation ayant eu lieu au domicile de Ben Gourion, en 1956, et dont les propos ne devaient meme pas etre entendus par son epouse, Paula Munweis. Des propos charges d’un aveu dangereux confie a l’ami digne de confiance. En effet, Goldmann ecrit :«  Cette nuit-la, une belle nuit d’ete, nous eumes une conversation a c?ur ouvert sur le probleme arabe. Je ne comprends pas ton optimisme, me declare Ben Gourion. Pourquoi les Arabes feraient-ils la paix ? Si j’etais, moi, un leader arabe, jamais je ne signerais avec Israel. C’est normal : nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l’a promis, mais en quoi cela peut-il les interesser ? Notre Dieu n’est pas le leur. Nous sommes originaires d’Israel, c’est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela les concerne-t-il ? Il y a eu l’antisemitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais etait-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une chose : nous sommes venus et nous avons vole leur pays. Pourquoi l’accepteraient-ils ?  ».- Un aveu du niveau d’un « secret d’Etat », pour la bonne raison qu’il demolit les fondements de la croyance sur laquelle repose le projet du « refuge national » pour les Juifs, conformement a la promesse declaree par Lord Balfour en 1917. Et comme pour Paula, les hauts responsables israeliens ne devaient pas l’entendre, vu qu’il justifie le rejet absolu de l’entite sioniste par les Palestiniens, accorde une legitimite a quiconque lui resisterait et nuit a sa propagande en la vidant de son contenu.- Un aveu qui signifie aussi que Ben-Gourion etait sceptique quant a la capacite du sionisme arabe de transmettre durablement sa traitrise aux generations futures, d’autant plus qu’il se delectait de son soutien a travers la Grande-Bretagne et la France ; un soutien inimaginable aussi bien pour toute personne raisonnable que pour les reveurs sionistes.- En effet, nul ne peut prevoir ce que cache l’avenir. Qui sait ? Viendra peut-etre le jour ou les nouvelles generations se revolteront contre les traitres et retabliront la consideration due aux patriotes persecutes par ledit sionisme arabe. Le monde se retrouvera sens dessus dessous et le reve sioniste deviendra un cauchemar pour ses concepteurs et leurs suiveurs.- De plus, Ben-Gourion etait intimement convaincu que l’ere de la prosperite exceptionnelle ne durerait pas vu qu’elle repose sur la complicite de la plupart des proches de la victime avec ses bourreaux. Par consequent, il etait tout aussi convaincu que l’entite israelienne risquait de disparaitre. C’etait dans la logique des choses et Goldmann decrit avec precision la psychologie de son ami et rapporte ces propos :« - J’aurai bientot soixante-dix ans. Eh bien, Nahum, me demanderais-tu si je mourrai et si je serai enterre dans un Etat juif que je te repondrai oui : dans dix ans, dans quinze ans, je crois qu’il y aura encore un Etat juif. Mais si tu me demandes si mon fils Amos, qui aura cinquante ans a la fin de l’annee a des chances de mourir et d’etre enterre dans un Etat juif, je te repondrai : cinquante pour cent.- Mais enfin, l’interrompis-je, comment peux-tu dormir avec l’idee d’une telle perspective tout en etant Premier ministre d’Israel ?- Qui te dit que je dors ? repondit-il simplement . »- Goldmann dit avoir ete « consterne par ce pessimisme ». D’ailleurs, il s’est attache a expliquer la raison de la contradiction flagrante entre la logique de Ben-Gourion et son comportement base sur la force militaire et rien que la force militaire. Son analyse merite l’attention car elle ouvre la possibilite de nombreuses comparaisons :«  Son caractere entete agressif incapable de faire des concessions, l’empechait de suivre les conseils de son intelligence. La meilleure preuve en est que, une fois eloigne du pouvoir, l’intelligence reprit ses droits ; il devint meme « goldmanniste », declarant qu’il fallait rendre tous les territoires occupes (depuis 1967, Ndt) sauf Jerusalem . »- Sauf Jerusalem !? Quelle approche prouvee sterile par les faits ! Il n’empeche que Ben Gourion s’attendait au pire pour l’entite qu’il a contribue a creer et a reconnu, en son for interieur, le droit des Palestiniens sur leur pays tout entier. Mais il etait le fils et le captif de l’instinct raciste de l’individu israelien. A ce propos, Goldmann apporte un eclairage interessant :«  Je lui ai dit un jour : Tu as reussi a faire une chose que seul le Bon Dieu avait faite avant toi. Non seulement tu as cree l’?Etat d’Israel, mais tu as modele a ton image le nouveau Juif israelien.- Eh bien, ce n’est pas mal, non ? s’ecria-t-il.- Attends un peu, repris-je. Je ne suis pas sur que le Bon Dieu ait tellement reussi a creer l’homme ; je ne suis donc pas sur que tu aies reussi en creant l’Israelien . »- Telle est l’opinion de Goldmann et de son partenaire sur cette paternite de malheur. Maintenant, si nous comparions les enfants et petits-enfants avec celui qui les a modeles a son image, nous constaterions qu’ils sont loin d’avoir herite de son intelligence, meme s’il n’a pas toujours suivi ce qu’elle lui dictait. En revanche, ils ont retenu ses lecons en perpetrant un massacre apres l’autre sur le peuple palestinien torture et opprime, qu’il soit musulman ou fidele au Christ syro-palestinien.-C’est donc une tragedie des plus terribles pendant que des Etats mentent, tergiversent et soutiennent implicitement le racisme israelien, a commencer par les Etats-Unis et les gouvernements du maudit sionisme arabe.

- Mais le résultat de la confrontation est certain, comme l’a prédit Ben Gourion : cinquante pour cent, voir moins, beaucoup moins…

Dans les derniers jours de sa vie, Nahum Goldmann a cherché à ouvrir une nouvelle page en agissant de telle sorte que l’entité sioniste se désintègre avec le moindre coût humain possible. Pour cela, il a tenté de sauver l’idée d’un règlement pacifique et a ouvert les portes de l’Europe à l’OLP via ses disciples, tels l’Autrichien Bruno Kreisky, l’Allemand Willy Brandt, le Français Pierre Mendès France, etc. Et le 3 juillet 1982, alors que Beyrouth était assiégée, il a publié avec Mendès France et Philip Klutznick une déclaration appelant Israël à lever le siège pour faciliter les négociations avec l’OLP. En réalité, il n’avait pas de respect pour les diplomates israéliens et voyait en eux une source de danger pour les Juifs du monde.
- Aujourd’hui, le peuple palestinien se bat avec un courage indescriptible et une détermination sans faille et, en effet, ses générations successives n’ont pas cédé et comptent sur elles-mêmes. Il lui suffit d’être soutenu par ses alliés fidèles pour aller vers la victoire à Jérusalem et le reste de la Palestine de la rivière à la mer.

Hassan Hamadé
Écrivain et chercheur libanais
18/05/2021

Source : Al-Akhbar (Liban) https://al-akhbar.com/Palestine/306151

Traduit par Mouna Alno-Nakhal

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